STÉPHANE MICHELENA

STÉPHANE MICHELENA, PRODUCTEUR DE PIMENT D’ESPELETTE AOP DEPUIS 2015.

« Pour moi développement durable et agriculture sont tout à fait compatibles. C’est une évidence. »

Quelques dates :

2015 : Stéphane débute en tant que producteur de piment d’Espelette AOP avec 4.500 plants.

2018 : Installation progressive, débute à côté la culture de l’Arto Gorri, variété locale et ancienne de maïs, appelée aussi maïs grand roux.

2021 : Stéphane plante environ 12.000 plants.

Comment êtes-vous devenu producteur de piment d’Espelette AOP ?

J’ai toujours rêvé d’être paysan. J’ai fait des études agricole (Bac STAE et BTS TC) mais dans ma famille nous n’avions pas de terres.

Je travaille donc en parallèle, dans les espaces verts.

J’ai par la suite réussi à m’installer, seul, en achetant des terres, à force de travail et de volonté ! 

Quel type d’agriculture pratiquez-vous et quels sont les moyens techniques utilisés ?

Je pratique une agriculture biologique ainsi que l’agroforesterie. Je me suis tourné vers ce type d’agriculture car cela est en lien avec ma philosophie. Je ne tiens pas à « m’empoisonner » ni à « empoisonner » la terre ou d’autres personnes en utilisant des produits chimiques. Pour moi développement durable et agriculture sont tout à fait compatibles. C’est une évidence.

Agroforesterie :

C’est un système qui repose sur la combinaison de la production agricole et de la culture d’arbres et/ou de buissons afin d’utiliser les terres de manière optimale. Ce fonctionnement repose sur des techniques d’agriculture ancestrales.

Je tends à réduire un maximum mon empreinte carbone. Pour cela je mise sur des installations tant dans ma vie personnelle que professionnelle, qui me permettent d’aller vers une autonomie respectueuse de mon environnement. Par exemple, je pense installer une éolienne afin d’acquérir une source d’énergie propre et j’ai déjà mis en place un système de phyto-épuration qui me permet de traiter mes déchets sans eau ni électricité.

Si je dispose suffisamment de ressources financières, c’est vers ces technologies vertes que j’ai envie de miser. Pour moi, il est essentiel de rendre la terre que j’ai, plus propre que lorsque je l’ai acquise.

Comment s’organise la transformation du piment d’Espelette AOP ? Quels types de produits réalisez-vous ?

Pour la préparation de la terre je fais appel à une CUMA Bixie Bixia, mais pour la transformation je dispose de mon propre matériel : serre, four, broyeur.

Je transforme essentiellement en poudre, parfois je fais quelques cordes. Je ne fais que de la vente directe. Je fais partie d’un collectif de 12 fermes, à l’origine d’un projet d’alimentation générale à Espelette. Je vends mes produits notamment dans cet espace de vente de produits locaux et fermiers.

Aujourd’hui il m’est encore nécessaire d’avoir d’autres sources de revenus (espaces verts et gîtes).

Quelles sont les qualités à avoir pour être producteur de piment d’Espelette AOP ?

Il faut être observateur chez soi, de ses cultures mais également de ce qui nous entoure. Il faut aussi savoir rester humble. On ne sait pas de quoi demain sera fait, notamment face aux changements climatiques. Il faudra toujours s’adapter car je pense que nous aurons régulièrement des évènements climatiques extrêmes comme nous avons déjà eu, tels que des sècheresses, des vents violents ou encore des périodes de pluie importantes.

Selon vous, quels ont été les moments forts de l’histoire du piment d’Espelette AOP ?

L’obtention de l’AOC, cela a permis de redynamiser la filière, la culture du piment d’Espelette AOP.

Quelle vision portez-vous sur la filière aujourd’hui ?

Positive ! Cela génère de l’emploi localement, et cela met clairement en valeur les produits de l’appellation. Je pense néanmoins qu’il vaut mieux aller doucement mais sûrement dans les différentes évolutions que la filière connaitra dans les années à venir.

Le piment d’Espelette fête les 20 ans de son appellation.

Que souhaitez-vous au piment d’Espelette et à ses acteurs pour les 20 prochaines années ?

Un « verdissement » de la filière ! Qu’un maximum de producteurs tendent vers l’agriculture biologique, tout du moins vers un état d’esprit plus respectueux de notre environnement, pas uniquement concernant la terre mais l’ensemble des composantes de notre environnement (social, économique, … ).

Une dernière question. Quel est votre plat préféré avec le piment d’Espelette AOP ?

Œufs fris, ventrèche et fromage de brebis. « La simplicité, c’est l’efficacité ! »