SANDRINE JAFFLIN

SANDRINE JAFFLIN, PRODUCTRICE DE PIMENT D’ESPELETTE AOP DEPUIS 2009.

« Ce qui me plait dans le métier de productrice de piment d’Espelette c’est d’être dehors, de voir l’évolution de la plante, d’admirer l’écosystème autour du piment d’Espelette. C’est beau ! »

QUELQUES DATES :

2009 : Sandrine s’installe. Ses parents, agriculteurs, faisaient déjà du piment d’Espelette. Et également du kiwi, tabac, ils étaient très diversifiés.

2014 : Préparatrice en pharmacie de métier, Sandrine passe un BPREA via une VAE afin d’avoir une formation adéquate à son nouveau métier.

Une crue exceptionnelle emporte quasiment tous ses pieds de piment.

2015 : Après une récolte catastrophique, elle décide de se diversifier, le piment d’Espelette étant alors sa seule source de revenu. Elle se lance dans l’élevage de poules pondeuses.

2021 : Sandrine est épanouie dans ses 2 activités professionnelles, elle plante environ 15 000 pieds de piment d’Espelette et élève un peu plus de 200 poules pondeuses.

COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE PRODUCTRICE DE PIMENT D’ESPELETTE AOP ?

Après 10 ans dans le domaine médical, que j’aimais beaucoup, j’ai eu besoin de plein air !

J’aime le contact avec les gens, les aider, ainsi que la polyvalence, ce que je retrouve dans le métier de productrice de piment d’Espelette AOP. J’ai réussi à m’installer grâce à mes parents qui étaient déjà producteurs de piments d’Espelette AOP. De 2009 à 2015, je ne faisais que ça, mais en 2014, lors de la crue du siècle, j’ai quasiment perdu tous mes plants. Suite à cet évènement, je ne pouvais pas rester avec cette seule activité. Je me suis alors lancée dans l’élevage de poules pondeuses. Aujourd’hui je plante environ 15.000 pieds de piment. Je préfère en faire moins mais suivre la cadence !

QUEL TYPE D’AGRICULTURE PRATIQUEZ-VOUS ET QUELS SONT LES MOYENS TECHNIQUES UTILISÉS ?  

Je pratique une agriculture conventionnelle. Mes parents pratiquaient déjà ce type d’agriculture et je n’ai pas souhaité en changer. Autant dans ma vie personnelle que professionnelle, je n’ai pas d’intérêt pour l’agriculture biologique. Après 11 ans dans le piment, ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer ! Néanmoins pour amender, je mets un engrais vert, avoine et vesse.

J’emploie des saisonniers via le GEA (Groupement d’Employeurs Agricole), entre 4 et 5 chaque année. Je suis toujours présente avec eux, je m’impose d’être dans le champ avec eux. Montrer que le « patron » qui plus est une femme, ne délègue pas et est tout à fait capable de faire ce métier.

J’ai remarqué quelques changements au cours des dernières années sur la culture du piment. Au début je n’avais que très rarement la présence du sclérosium, maladie courante dans la culture de piment d’Espelette, ainsi que la mosaïque du concombre (CMV). Maintenant, chaque année, elles sont présentes. Je ne pourrais expliquer cette présence accrue. Changement climatique peut être ?

COMMENT S’ORGANISE LA TRANSFORMATION DU PIMENT D’ESPELETTE AOP ? QUELS TYPES DE PRODUITS RÉALISEZ-VOUS ?

Je dispose de tout le matériel nécessaire à la transformation mais également à la préparation du champ. J’ai récupéré celui de mes parents. Pour la transformation, j’ai une serre, un four, un broyeur, … Je transforme uniquement en poudre de piment d’Espelette AOP. Pour la commercialisation, 50% de ma production s’effectue en vente directe et 50% via des conditionneurs. Aujourd’hui j’arrive à vivre décemment de mes deux activités.

QUELLES SONT LES QUALITÉS À AVOIR POUR ÊTRE PRODUCTRICE DE PIMENT D’ESPELETTE AOP ?

Il faut être motivé. Aujourd’hui, celui qui démarre, j’ai peur pour lui. Niveau investissement c’est très lourd. Il faut être dynamique et travailleur et ne pas avoir peur des aléas climatiques qui entraînent de moins bonnes saisons. Chaque année est différente.

SELON VOUS, QUELS ONT ÉTÉ LES MOMENTS FORTS DE L’HISTOIRE DU PIMENT D’ESPELETTE AOP ?

La création du syndicat du piment d’Espelette en 1993 et tout ce que ce dernier a créé depuis : locaux, Etxea (le centre d’interprétation du piment d’Espelette AOP), les différentes actions de promotion, l’appui technique fourni aux producteurs. Je fais partie du conseil d’administration depuis 7 ans et de la commission condition de production. Pour moi, la création du cahier des charges a été un moment déterminant.

QUELLE VISION PORTEZ-VOUS SUR LA FILIÈRE AUJOURD’HUI ?

Positive, après nous sommes 200 producteurs, donc il y a forcément des désaccords !

LE PIMENT D’ESPELETTE FÊTE LES 20 ANS DE SON APPELLATION. QUE SOUHAITEZ-VOUS AU PIMENT D’ESPELETTE AOP ET À SES ACTEURS POUR LES 20 PROCHAINES ANNÉES ?

Qu’il y ait cette même dynamique.

UNE DERNIÈRE QUESTION. QUEL EST VOTRE PLAT PRÉFÉRÉ AVEC LE PIMENT D’ESPELETTE AOP ?

Sans hésitation, l’axoa !